Prise en charge non médicamenteuse des troubles en santé mentale

En voilà un titre d’article bien long !

De quoi parle-t-on au juste ?

Tout simplement de l’expérimentation que propose depuis quelques mois pour une durée de trois ans la Caisse Primaire d’Assurance Maladie des Landes à travers la prise en charge intégrale de quelques consultations délivrées par un-e psychologue libéral-e, consultations non remboursées jusqu’ici.

Cette expérimentation a été présentée à tous les professionnels de soins concernés du département le 12 septembre dernier et rapportée ensuite au cours de l’Assemblée Générale du PSB  (cf le rapport de l’AG 2018).

La prise en charge de séances de psychothérapie de soutien est organisée depuis longtemps dans d’autres pays, au simple motif qu’elles ont une efficacité scientifique reconnue aussi importante que la prise de médicaments dans beaucoup de situations, probablement sans leurs effets indésirables chimiques, et par voie de conséquence une efficacité économique à long terme quand on sait les coûts psychiatriques individuels et sociaux engagés par les soins traditionnellement pris en charges par les caisses de sécurité sociale.

Tout le détail de cette expérimentation est accessible sur la dernière lettre d’information de la CPAM (infos-lettre à destination des professionnels de santé) :

Infos-Lettre de la Cpam des Landes

 

L’expérience est a priori bienvenue.

Accessibilité, disponibilité et tiers payant sont des arguments forts pour tous ceux qui ont à coeur d’améliorer le soin :

  • Ce soin n’était accessible jusqu’à présent que par le biais de réseaux et d’hôpitaux, ou alors en acceptant de payer de sa poche 40 à 50 € par séance en cabinet de ville.

  • Les patients n’avancent pas d’argent (tiers-payant), le professionnel se faisant payer directement et intégralement par la CPAM.

  • Ce soin est souvent la première étape de la prise en charge d’un « trouble de santé mentale », bien avant celle de la prescription d’un médicament ou d’un suivi de médecin psychiatre.

  • Il est souvent chronophage à cause du temps d’écoute nécéssaire et du nombre de séances recommandées dans la plupart des indications de psychothérapie (voir des exemples de prise en charge dans la présentation de notre psychologue du Pole Santé des Bastides). De fait, ce temps de soins fréquemment dévolus au médecin traitant gagnera en qualité à être transféré sur l’agenda du psychologue.

  • Il devient  un besoin évident auprès d’un nombre croissant de personnes en souffrance, à cause de contextes sociaux, professionnels et/ou familiaux de plus en plus complexes dans une époque faite d’exigence et d’immédiateté qui ne laisse souvent plus beaucoup de place à la digestion des événements heureux ou malheureux de la vie.

 

L’expérience ne concerne pas tout le monde.

Ne sont pour l’instant concernés que :

  • les adhérents de la CPAM. Les adhérents de la MSA étant pour le moment exclus, cela créé de fait une discrimination dans les milieux ruraux où un pourcentage non négligeable d’usagers sont  des agriculteurs ou des ayant droits d’agriculteurs dont la détresse et la souffrance psychologique sont souvent tristement reconnues.

  • les patients présentant un trouble mental léger à modéré, c’est-à-dire ceux qui n’en avaient jamais souffert jusque là, qui n’avaient pas de suivi, pas de traitement régulier. Sont donc exclus (et c’est bien dommage) tous ceux qui dans le cadre d’un suivi psychiatrique pourraient prétendre à des séances de psychothérapie pour poursuivre, améliorer, simplifier ou peut-être même arrêter leurs soins actuels.

  • seule la tranche d’âge de 18 à 60 ans est retenue pour l’instant. Ne sont donc pas pris en charge des tranches d’âges réputées fragiles comme celle de l’adolescence ou celle de la fin d’activité professionnelle.

 

Le nombre et la durée des soins sont limités. 

Pour chaque patient potentiellement bénéficiaire de cette prise en charge, le soin est limité :

  • dans le temps : les séances ne doivent pas s’étaler sur plus de 12 mois non renouvelable.

  • dans leur nombre : seulement 10 séances, dites de soutien psychologique, prescrites initialement par le médecin traitant, et éventuellement renouvelable 1 fois (séances dite structurées) avec l’intervention et l’accord d’un médecin psychiatre.

  • dans la durée des séances : 30 minutes pour les 10 premières (séances de soutien) et 45 minutes pour les 10 suivantes (séances structurées), alors que dans les faits, une séance dure en moyenne une bonne heure

  • dans le tarif proposé : alors qu’une séance coute en moyenne 40 à 50€, celle proposée par la CPAM sont sous-payées : 22€ pour chaque 10 premières séances et 32€ les 10 suivantes.

  • dans le conventionnement flou du professionnel avec la CPAM : contrairement à un médecin dont une grande partie des charges et  cotisations sociales est payée par l’assurance maladie qui le conventionne, celles du psychologue libéral qui accepte ce conventionnement ne sont, a priori, pas prises en charge.

 

Ce soin n’est proposé que sur agrément du professionnel.

Seul-e-s les psychologues qui acceptent un conventionnement avec la CPAM de leur secteur peuvent proposer cette prise en charge de soin.
La liste des psychologues agréé-e-s des Landes est ici :

liste-psychologues-landes

Ainsi sont agréés sur notre canton :

  • Mme Carole  DUMONT de la maison de santé de GABARRET

  • notre psychologue du Pole Santé des Bastides, Audrey TORRENT

Dans sa conception du soin et vu son objet associatif, le Pôle Santé des Bastides ne peut qu’approuver tout ce qui peut aller dans le sens de l’amélioration d’un soin : disponibilité, accessibilité et tiers payant, coordination, priorisation et délégation de soins, etc, sont de bons ingrédients dans l’intérêt de la santé des patients. Souhaitons que ce début timide de prise en charge trouve assez de succès pour inciter les payeurs à valoriser ce travail à sa juste valeur et permettre ainsi sa pérennisation, sans quoi, cela ne sera qu’une rustine sur la fuite continue constatée depuis une dizaine d’années sur la prise en charges des soins, toute spécialité confondue, proposés à la population.

Pour ceux que cela intéresse, ci joint le guide technique de cette expérience qui se décline aussi sur les départements des Bouches du Rhône, Haute-Garonne et Morbihan :

Guide de prise en charge à destination des psychologues

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