Hip Hip Hip ! IPA !

Bon, d’accord, IPA n’est pas Hourra mais si je m’en réfère à l’étymologie de ce cri d’exclamation, on pourrait convenir qu’il s’agit d’un cri pour se donner du courage, pour être plus combatif, pour se hisser, ou même pour frapper un bon coup.

IPA n’est donc pas Hourra mais l’acronyme de la dénomination d’une toute récente catégorie de personnes capables de soigner les gens en France.
Dans un contexte de manques de soignants, de manques d’hôpitaux, de manques de médicaments et malheureusement jamais de manques de gens à soigner, on peut toujours se dire que l’invention de nouveaux soignants pour s’occuper des gens, c’est toujours une victoire sur cette déchéance. 

Donc Hip Hip Hip Hourra et bienvenue à ces nouvelles personnes IPA !

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IPA, cela veut dire Infirmier-e de Pratique Avancée.

Dans le large catalogue des gens qui soignent et/ou prennent soin de la population, aide-ménagères, auxilliaires de vie, aide-soignantes, infirmières, médecins en passant par kinésithérapeutes, podologues, ostéopathes, psychologues, diététiciens ou assistantes sociales, on peut donc ajouter cette nouvelle spécialité qui vient s’interfacer entre les praticiens et les patients et dont une définition très généraliste pourrait être celle d’un-e infirmièr-e qui a déjà une expérience professionnelle et qui, dans un contexte  d’acquisition de connaissances supplémentaires et d’encadrement par un médecin, pourra se substituer à la pratique de celui-ci pour le décharger de certaines tâches. 

L’agence régionale de santé d’aquitaine en parle bien ici.

Les IPA parlent encore mieux de leur profession dans une vidéo créée pour l’occasion avec le soutien de la fac de médecine de Bordeaux :

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Pour devenir un-e IPA, il faut d’abord être un-e infirmier-e.

La formation d’infirmier-e, c’est un niveau de Licence, soit 3 années d’études. 
Une fois diplomé-e et un peu expérimené-e, l’infirmier-e qui veut devenir IPA devra passer un Master, en 2 ans de formation, et pourra ensuite interroger, écouter, prescrire et traiter un patient, comme le ferait un médecin, mais dans un champs de compétences restreintes et bien définies. Un de ces champs de compétence est la gestion des patients polypathologiques chroniques stabilisés, en soins primaires (sur le terrain) et/ou en structure (maison de retraite par exemple).

Dans le système européen des études supérieures, le cursus LMD (Licence – Master – Doctorat) prévaut pour permettre des équivalences de formation d’un pays à un autre, quelle que soit la formation, à partir d’une maquette d’étude identique de 8 ans : 3 ans pour la Licence, 2 pour le Master et 3 minimum pour le Doctorat.
Ce système tend à s’appliquer aussi aux études supérieures médicales : 2ème, 3ème et 4ème années font la Licence, 5ème et 6eme années font le Master, et les 3 à 5 années d’internat font le Doctorat (la 1ère année étant celle du concours d’entrée pour l’instant).

On peut donc imaginer (attention, simple spéculation personnelle) qu’un pont existera un jour pour ces IPA vers un doctorat en médecine avec trois années d’études doctorantes supplémentaires. Autrement dit, si l’hypothèse tient, on pourra imaginer qu’un-e IPA pourra devenir médecin un jour,  en passant par d’autres portes que le marathon des 10 ans actuels d’études médicales (il y a 33 ans, je suis sorti de la fac de médecine avec un doctorat de médecine générale obtenu au bout de 8 années d’études).

Un-e IPA ne remplacera jamais un médecin généraliste, certes, mais pourra gérer au quotidien une partie des patients qu’il lui confiera, et envisagera éventuellement un jour de poursuivre sa formation vers un doctorat de médecine.

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Dans le très long parcours de prise de conscience de tous, dont la réflexion sur ce nouveau modèle de soins est une des étapes, élus de la communauté des communes Landes Armagnac (CCLA) et soignants du Pôle Santé des Bastides ont donc acté d’accompagner et parrainer sur notre territoire la formation de 2 IPA par an pendant 3 ans pour faire face à la pénurie des médecins généralistes.

En effet, nous en avons largement parlé dans nos Assemblées Générales précédentes, sur les 9 médecins actuels du territoire (l’un d’eux est en fait déjà parti mais gère encore quelques patients du territoire), 3 ou 4 seulement risquent d’être encore en place dans les 3 à 4 prochaines années.
Si ces  médecins encore en place doivent assurer le travail de soins que produisaient avant les 9 médecins (rappelez-vous, 58 000 actes environ par an !), ils ne résisteront pas à la surcharge de travail et partiront ou arrêteront. 
Si par contre, ces médecins organisent la prise en charge des gens polypathologiques chroniques avec chacun deux IPA dans un travail coopératif, la situation deviendrait gérable.

Ce projet, en adéquation avec l’objet même de notre association, s’inscrit parfaitement dans le projet de santé de notre maison de santé pluriprofessionnelle (MSP).

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Ce projet 2023-2027 de 6 IPA pour la CCLA a donc démarré.

Le 20 fevrier 2022, le PSB a lancé un premier appel à candidature de cette formation IPA auprès des infirmièr-e-s libérales du territoire et des infirmières salariées des  3 maisons de retraite (Gabarret, Labastide d’Armagnac et Roquefort).

Lire l’appel ici

Deux infirmières ont répondu à l’appel et une a décidé de s’engager.
Elle est d’ailleurs venu présenter son projet professionnel devant l’assemblée générale du PSB de juin dernier et a été accueillie en tant que nouvelle adhérente.

Ce projet professionnel a été validé par la faculté de médecine de Bordeaux qui organise cette formation, pour permettre à cette jeune infirmière de s’inscrire à ce master IPA.

Contractualisée avec la CCLA avec le parrainage du PSB, cette première infirmière IPA est retournée sur les bancs de l’école de sa formation dès septembre pour un cursus intensif de deux ans.
Pour l’aider à vivre sans revenu pendant ces deux années studieuse et couteuse (déplacement, logement, livres), la CCLA la gratifie d’une bourse d’étude de 25000 € par an, soit 50000 € sur les 2 ans.
En contrepartie, elle lui demande de s’engager à exercer sa nouvelle activité sur le territoire pendant au moins 5 ans après l’obtention de son diplôme.
A cette bourse d’étude peut d’ailleurs se rajouter une aide de l’Agence Régionale de Santé d’une valeur de 10000 € environ.

Cliquer pour lire la convention

Les médecins du PSB s’engagent de leur coté à accompagner, aider et encadrer la nouvelle étudiante dans son parcours d’étude et ensuite dans le démarrage de son activité future sur la MSP multisite de St Justin-Sarbazan et les MSP de Gabarret et Roquefort.

Il appartiendra bien sur aussi aux usagers, en particulier ceux de l’association, d’aider la nouvelle recrue et les (5?) suivantes à intégrer progressivement ce nouveau mode de soin et d’aider le reste de la population à y participer et y adhérer.

En attendant ce futur tant innovant qu’expérimental,  la prochaine campagne de recrutement IPA pour la rentrée 2024/2025 (2 ou 3 IPA ?) va démarrer très prochainement.

En attendant, tous nos encouragements  à la future première diplômée du territoire et aux 4 ou 5 autres qui voudront bien participer à cette aventure pour les 3 années à venir :

Hip Hip Hip ! IPA  !
                                            Hip Hip Hip ! IPA  !
                                                                                          Hip Hip Hip ! IPA  !

Thierry GOURGUES
le 21 12 2023

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(Parallèlement,  une campagne de recrutement de nouveaux médecins pour le PSB et donc pour le territoire va être lancer dès 2024 mais c’est une autre histoire à suivre et à raconter…)