Parce que, du fond de nos Landes, on a toujours l’impression qu’il a colonisé le moindre pixel de nos téléviseurs et de nos smartphones mais pas encore beaucoup nos bois et nos champs, je vous propose d’actualiser sa traque en 3 étapes. A vos loupes !
1 – Santé Publique France
Santé Publique France a donc eu la bonne idée toute récente de rendre accessible à tout le monde la carte de la contamination virale de la population à un niveau qui nous parle tous, la commune. On va pouvoir enfin avoir une vision du déplacement viral d’un endroit à l’autre sur tous nos territoires. Et c’est sans doute ce type de données qui permet à l’État de décider ou non de confiner ou de mettre en place un couvre-feu.
Voici à quoi ressemble cette carte :
Plusieurs petits défauts sont à prendre en considération néanmoins dans cette publication pour bien lire cette carte :
– le taux de contamination, appelé aussi taux d’incidence, n’est pas le reflet de la gravité de la maladie : il est calculé à partir d’un prélèvement nasopharyngé qui, positif, ne veut pas forcement dire que la personne contaminée est malade ou contagieuse.
– la carte a un retard de 4 à 6 jours sur la réalité, ce qui peut paraitre énorme quand on prétend vouloir contrôler une épidémie et les sujets contact d’une personne contaminée.
– on ne connait pas le nombre exact de personnes contaminées par commune mais on a une fourchette de nombre de cas exprimés par 100 000 habitants : pour une commune de 1000 habitants comme Saint-Justin par exemple, il suffit donc de diviser par 100 l’estimation proposée. A titre de référence, la moyenne de ce taux à l’échelle du territoire français est de 313 pour 100 000 habitants au 21 octobre 2020.
– cette carte, dessinée dans une nuance de bleu, de très clair à très foncé, ce qui est bien moins agressif que les rouges sanglants jusqu’ici proposés, crée artificiellement des échelles de comparaisons inappropriées : par exemple, la commune de Parlebosq est dans le même bleu foncé (taux d’incidence supérieur à 1000 pour 100 000 habitants) que la commune de Saint-Denis (93).
Notez sur cette carte qu’on peut zoomer dessus à gogo et repérer facilement sa commune, qu’on peut faire varier la date des relevés des taux de contamination depuis le 8 octobre et qu’on peut même créer une animation de la progression de la contamination depuis la première publication.
2 – Tous Anti Covid
De cette échelle locale, on peut toujours passer à une échelle plus individuelle grâce la nouvelle application téléphonique TousAntiCovid qui remplace la précédente, StopCovid, qui n’était pas très pratique, qui a couté très cher et qui a fait un flop rapidement avec peu de téléchargement. Cette nouvelle application, sans doute aussi chère, sert d’abord, comme l’autre, à reconnaitre anonymement le téléphone des personnes abonnées elles aussi à cette application et qui y ont déclarées leur positivité au test covid : cela veut dire que si une personne positive a croisé votre téléphone dans le rayon d’action bluetooth de quelques mètres suffisamment longtemps, son application va informer la votre du risque potentiel de contamination. TousAntiCovid délivre en même temps des tas d’information en temps réel, comme la situation épidémique autour de vous grâce à un accès raccourcis aux cartes de Santé Publique France dont je parle ci- dessus.
3 – A l’échelle de nos voisins
Maintenant qu’on y voit mieux à notre échelle locale et individuelle, il ne faut pas perdre de vue, comme j’en parlais dans de précédents articles ici ou là, tout ce que l’on sait déjà à l’échelle de temps plus long, sur une génération par exemple, et d’espace plus grand, en Europe ou dans le monde.
Une base de données indépendante comme European Mortality Monitoring et son calcul des excès de mortalités par pays toute cause confondue depuis 2015 permet de prendre du recul. Dans la copie d’écran ci dessous, on constate par exemple qu’à la semaine 42 de notre année en cours, le score d’excès de mortalité en France est très négatif, ce qui veut dire qu’il meurt actuellement en France moins de gens que d’habitude, probablement parce qu’il en est mort un peu plus quelques mois avant. On constate aussi que certains pays n’affichent aucune surmortalité.
Une autre base de donnée indépendante, la Our Word in Data développée par l’université de Oxford, permet d’avoir une vision géopolitique de la gestion de l’épidémie depuis la large diffusion des tests de dépistage par pays à travers le nombre de cas confirmés positifs par semaine et/ou le nombre de décès hebdomadaire. En explorant ces deux paramètres, on note de fortes disparités entre les pays du nord et les pays plus latins.
4 – Conclusion
Qu’on a le nez dans le guidon et que la loupe, c’est son principal défaut, grossit tout et déforme donc la réalité, il faut raison garder et ne pas conclure hâtivement à partir de tout ce que l’on voit. Pour éviter de se perdre dans l’alarmisme, le catastrophisme voire la démagogie, l’UNICEF vient d’ailleurs d’éditer à destination de toutes les populations du monde, scientifiques et médecins compris, un mini-guide sur cette fichue maladie pour savoir comment en parler correctement et ne pas se laisser biaiser par des discours politiques qui stigmatisent et culpabilisent plus qu’ils ne responsabilisent. C’est peut-être pour l’heure la meilleure chose à retenir.
Bonne lecture !
Thierry Gourgues
Le 25 octobre 2020